Pourquoi la ménopause de la femme est-elle tellement thématisée chez nous en Europe ? Nous savons au travers des cultures asiatiques, arabes et africaines qu’il est possible d’aborder cette période de la vie d’une autre façon. Enfin disons franchement que dans ces cultures, la vieillesse est respectée. On lui accorde même parfois les plus grands honneurs. Mais ici, nous copions de plus en plus les idéaux américains qui prônent la jeunesse et la forme, même en vieillissant, plutôt que la sagesse et la maturité.
C’est donc la façon d’aborder le sujet qui fait la différence
Car peu importe dans quel pays, toutes les femmes passent par la ménopause, ce phénomène étant tout simplement dans la nature des choses. Ce qui la rend différente, et bien c’est la façon de l’aborder. J’ai toujours l’impression que dans nos pays occidentaux, on ne connait que des états climatériques d’ordre psychique ou dépressif, liés à un grand manque d’estime de soi.
L’image d’une femme à la cinquantaine ne représente aucun idéal pour la jeunesse. Par conséquent, on n’évoquera que des beautés à la fraicheur éternelle comme Isabelle Adjani par exemple (qui approche d’ailleurs la soixantaine). Si Madame Adjani avait eu la tête de Sim, et bien personne ne se serait jamais retourné sur elle, malgré son intelligence et ses immenses talents de comédienne.
Les hommes du même âge sont dans la « fleur de l’âge ». Chez les femmes, on dit que c’est la trentaine. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant que beaucoup d’hommes arrivés à cette âge là séduisent une plus jeune.
Il est encore moins étonnant que nous les femmes nous efforçons aussi longtemps que possible à être attrayantes et en forme. Seulement un jour apparaît la ménopause, et elle nous met franchement des bâtons dans les roues. Certaines femmes développent une pilosité faciale, chez d’autres ce sera au contraire la perte de cheveux, et puis la peau vieillit à vitesse grand V et de façon bien visible. Et même le stress émotionnel semble être plus important dans les pays pro-occidentaux que dans les autres pays.
Mais les chiffres parlent pour nous
Statistiquement, on peut dire qu’environ une femme sur dix se trouve dans la phase de la ménopause. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter puisque notre société vieillit. Dans ce contexte, on peut déduire en effet que la valeur sociale des personnes âgées pourrait augmenter. Seulement cela n’est pas encore le cas, et même plutôt le contraire. Enfin à mon avis.
Et ce n’est pas sans conséquences : parmi les femmes ménopausées, plus de la moitié souffrent de troubles psychologiques, psychosociaux ou physiques. Bien-sûr, l’intensité et la gravité diffèrent d’une personne à l’autre.
Outre les bouffées de chaleur et autres sueurs chaudes, beaucoup de femmes se plaignent d’insomnie, de maux de tête ou de douleurs articulaires, d’essoufflement, de problèmes sexuels, voire une chute totale de la libido. Pire encore sont les troubles psychiques. Ce n’est pas simple de vivre avec son envie de pleurer, les craintes croissantes, cette agitation intérieure ou cette irritabilité soudaine. Auxquelles on peut ajouter l’épuisement et un amoindrissement de la capacité de régénération. Les symptômes de vieillissement et les problèmes de concentration augmentent.
Et comme si ce n’était pas suffisant, et bien c’est souvent la période où l’on voit les enfants quitter le nid parental, ce qui implique d’autres problèmes psychologiques. Mais est-ce que ça intéresse notre société ou notre entourage ? Est-ce que nous recevons le soutien nécessaire ? Nous sommes difficiles à vivre, certes, mais notre famille, nos amis, notre entreprise prennent-ils du recul lors de cet état constant qu’est la ménopause ? Y a-t-il quelqu’un pour soulager, ou du moins comprendre les circonstances ? Non, malheureusement bien trop rarement, car dans nos sociétés occidentales, il faut fonctionner avant tout.
Alors il faut garder la tête haute
Car dans beaucoup de cas heureusement, c’est exactement l’inverse qui se passe : beaucoup de femmes retournent à la vie active lors de la ménopause, gagnent ainsi une indépendance officieuse et retrouvent leur confiance en soi. Cette capacité à organiser et effectuer plusieurs tâches simultanément, voire déléguer, est plus demandée que jamais. En principe, je me réjouis de cette revendication. Tant que nos partenaires ne se sentent pas dépassés par nos effets secondaires climatériques, et continuent à nous aimer au lieu de se tourner vers des jeunes femmes plus attrayantes, la vie est belle.
Nous pouvons être fières de nos forces, et de notre créativité dans la résolution de problèmes. Toute femme qui prend l’initiative, et qui voit la ménopause comme une chance pour une nouvelle orientation interne, s’en sort déjà nettement mieux. Et d’ailleurs, la société offre aujourd’hui aux femmes des possibilités qui étaient encore impensables il y a encore peu d’années. On trouve de nombreuses activités comme les séances de yoga hormonal, les tables rondes pour les femmes au-dessus de 50 ans, ou bien les classes de sport destinées à notre génération. En outre, nous pouvons augmenter notre vitalité grâce à des mesures simples comme un changement de régime, et un apport approprié en nutriments, vitamines et acides aminés.